3. Vers une nouvelle génération d'OPACs
La notion d'hypercatalogue peut cependant recouvrir plusieurs niveaux (Le Crosnier) :
Certes, les catalogues hypertextes ne sont pas sans soulever certains problèmes : ont été notamment soulignés (Roger, 1994) la surcharge cognitive qu'ils peuvent occasionner ainsi que le risque de désorientation encouru après un trop grand nombre de bifurcations.
Par ailleurs, la sémantique de l'hypertextualité dans les catalogues reste un domaine inexploité. Il n'existe pas encore de règles structurées et cohérentes permettant au bibliothécaire et à l'usager de communiquer de manière explicite et intuitive. Chaque société qui propose un module d'intégration de l'OPAC au Web développe ses propres symboles, parfois en concertation avec les bibliothèques clientes.
Lorsque l'utilisateur rencontre par exemple en tête d'une notice abrégée une icône représentant un disque, il ne peut de prime abord être certain de l'information à laquelle il va accéder en cliquant dessus. Cela pourra tout aussi bien se révéler être un extrait musical, la pochette du disque numérisée ou la notice complète de l'enregistrement, l'icône indiquant simplement qu'il s'agit d'un document sonore.
Les premières tentatives de normalisation dans ce domaine concernent l'élaboration d'un ensemble standardisé d'icônes, libre de droits d'auteur, à l'usage des bases bibliographiques. Sont actuellement proposés des modèles pour les différentes actions de navigation dans le catalogue, les champs de la notice et les opérateurs de recherche.
Il n'est cependant pas totalement déraisonnable d'imaginer que certaines interfaces utilisées pour faciliter l'accès à distance aux catalogues puissent un jour s'avérer suffisamment opérationnelles pour être intégrées aux OPACs consultés à l'intérieur même de la bibliothèque. A cet égard, le succès croissant de l'Intranet, réseau privé utilisant à l'intérieur d'une entreprise les technologies développées à l'origine pour Internet, fournit à un niveau différent un élément de comparaison certes audacieux, mais non complètement dénué de sens, avec les implications envisageables des techniques de mise en réseau des catalogues dans la conception de leur usage purement local.
Certains fournisseurs proposent ainsi déjà des logiciels clients Z39.50 complètement intégrés avec l'OPAC standard. Si le produit est acquis séparément, l'interface locale peut s'avérer identique à l'interface distante. A l'inverse, un logiciel comme WinPAC de Dynix se présente différemment de l'OPAC traditionnel. De l'avis des professionnels de l'information, les interfaces rendant accessibles les catalogues sur le Web perdent beaucoup des potentialités offertes par les OPACs locaux. Reste à définir de quelle manière toutes ces richesses sont vraiment exploitées par l'utilisateur... Par ailleurs, une bibliothèque qui développe une CGI a tout le loisir de modifier le paramétrage en fonction des modalités de recherche qu'elle entend favoriser.
A l'université du Maine (France), l'OPAC ainsi proposé aux usagers de la bibliothèque sera le catalogue sur le Web, celui-ci ayant été jugé plus convivial et susceptible de répondre à 90% des demandes courantes. Les recherches plus complexes pourront s'effectuer sur un poste supportant l'OPAC traditionnel, conservé à cet effet.
Il a été procédé par une équipe canadienne (Cherry, 1996) à une évaluation critique d'affichages bibliographiques complets par des interfaces Web permettant l'accès public en ligne à des catalogues de bibliothèques. Il est cependant intéressant de noter que la liste de contrôle employée a été reprise d'un travail antérieur effectué sur les OPACs traditionnels (Chan, 1995). Celle-ci couvre quatre sections principales : les intitulés des champs, leur contenu, les instructions et la présentation à l'écran. Des modifications ont été apportées, prenant en compte les particularités de l'environnement Web, à savoir le concept de page déroulante, les liens hypertextes et l'intégration de texte et d'images aux instructions. L'étude tente de couvrir un éventail assez large des différentes catégories d'interfaces représentatives en prenant en compte les développements de fournisseurs commerciaux, le logiciel passerelle HTTP-Z39.50 du CNIDR (Center for Networked Information Discovery and Retrieval) et ses différents avatars, les versions modifiées de l'interface Z39.50 de l'université de Stanford et les interfaces "maison". Les résultats soulignent la grande hétérogénéité des performances obtenues dans les différentes sections. Aucune interface n'est apparue complètement satisfaisante, eu égard toutefois aux limitations dans le nombre des interfaces évaluées (dix) et la période donnée (avril 1996).
L'un des enjeux du développement progressif d'interfaces permettant la consultation du catalogue dans l'environnement Web est l'émergence naturelle d'un modèle standardisé de facto qui fasse écho aux réflexions actuelles sur l'aboutissement à une interface usager commune (Common User Interface ou CUI). Si la norme Z39.50 permet la recherche dans des bases multiples à partir d'une interface unique, celle-ci peut toutefois prendre différentes formes en fonction du public amené à l'utiliser. Il est fort probable que le développement de clients Z39.50 ainsi que de passerelles Web-Z39.50 étendant l'accès à des serveurs Z39.50 à partir du Web contribuera à imposer progressivement un modèle type d'interface adapté à la recherche structurée dans des bases bibliographiques de quelque type que ce soit. En effet, les bases sur CD-Rom, accessibles en ligne ainsi que les catalogues de bibliothèques semblent ainsi destinés à emprunter le visage d'interfaces de plus en plus similaires, propices à faciliter leur intégration au sein d'un environnement en réseau.
- Un support permet l'accès par le Web via une passerelle HTTP-Z39.50.
Les objectifs assignés à cette interface sont par ailleurs de limiter au maximum l'usage de fenêtres additionnelles, de fournir des fonctions d'impression, de postage par courrier électronique et de sauvegarde des enregistrements obtenus ainsi que de proposer un système d'aide intégré.
Les inconvénients, cependant, ne doivent pas être négligés :
[8] SGML permet la description de la structure logique d'un document en y apposant des balises destinées à l'identification des différentes composantes d'un texte.
[9] Concernant le déclin auprès des usagers de la recherche par sujet (vocabulaire contrôlé) au profit de la recherche par mot du titre, l'on se réfèrera à l'article de Ray R. Larson (Larson, 1991).
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