I. Différents protocoles et modalités d'accès aux catalogues par Internet
1. Connexion Telnet
2. Accès par WAIS (Wide Area Information Server)
3. Accès par le Web
4. Accès par Z39.50
5. Z39.50 et le Web
6. Catalogues de catalogues
Il existe déjà en France, par le biais du Minitel, une certaine tradition de l'accès à distance aux catalogues, certes encore peu développée mais bien présente. Celui-ci peut s'effectuer par l'intermédiaire d'un poste dédié à cet effet ou d'un micro-ordinateur utilisé en émulation Minitel. Les principales limitations de ce mode de consultation sont imputables à l'écran qui ne permet pas d'afficher les notices de manière détaillée. Le mode feuilletage assez pauvre nécessite de limiter au maximum le nombre d'écrans successifs qui précèdent l'affichage des résultats. Le Minitel, très largement distribué en France, reste encore très utilisé pour la consultation à domicile des catalogues des bibliothèques municipales (Louis, 1994). Il a été souligné qu'Internet, face aux problèmes auxquels il se trouve confronté, pourrait tirer profit de l'expérience du Minitel, notamment en ce qui concerne l'adaptation à un public de plus en plus diversifié et la tarification de services particuliers (Kessler, 1995).
Une connexion avec une machine distante peut être établie à partir d'un logiciel client Telnet pour y prendre la main et exécuter une application. C'est un moyen simple et puissant d'accéder à un OPAC dont on peut alors utiliser toutes les fonctionnalités propres. Il est important de noter que la session se déroule de manière continue entre le moment où l'utilisateur s'est connecté au catalogue, éventuellement après identification, et le moment où il décide de se déconnecter. Il dispose alors en effet de toutes les procédures de correction ou d'affinement de sa recherche propres à l'OPAC qu'il consulte.
La connexion peut s'établir soit directement, soit à partir d'un lien inclus dans une page HTML (une session indépendante de la navigation sur le Web est alors ouverte). L'avantage d'un tel protocole est qu'il permet d'avoir usage de toute la souplesse du moteur de recherche développé sur le catalogue. Dans quelle mesure celui-ci est-il cependant adapté aux besoins de la bibliothèque et des usagers qu'elle dessert ? On touche là un point sensible qui alimente la plus grande part de la littérature sur les OPACs.
La procédure d'identification après connexion permet aux usagers de la bibliothèque, munis d'un mot de passe spécifique, d'effectuer à distance prolongation et réservation des documents. L'un des principaux inconvénients reste la gestion des fonctions à distance de l'OPAC auquel l'on se trouve connecté. Une configuration différente du clavier, notamment, peut transformer une simple commande du type "taper PF1" en un véritable casse-tête pour l'usager !
D'autres problèmes non négligeables concernent la sécurité des informations stockées sur le serveur auquel on autorise la connexion ainsi que la limite imposée par le nombre de connexions simultanées supporté.
Actuellement, la plupart des bibliothèques universitaires françaises offrent la consultation de leur catalogue par une connexion Telnet. S'ils ne sont pas toujours nécessaires, login et mots de passe sont la plupart du temps requis afin de pouvoir se connecter. De nombreux catalogues de divers organismes restent ainsi du domaine de la confidentialité, soit que les éléments indispensables à la connexion ne sont pas diffusés, soit que l'information elle-même n'est pas disponible. Il n'existe en effet à l'heure actuelle pas de répertoire public, exhaustif et régulièrement mis à jour, recensant l'ensemble des catalogues disponibles en mode émulation, que ce soit Minitel ou Telnet. Il a été publié pour les principaux OPACs américains un guide d'utilisation de leur connexion par Telnet (Henry, 1991), incluant le détail des commandes propres à chaque système.
Avec le développement du World Wide Web, la plupart des catalogues accessibles par Telnet le sont désormais à partir du site Web de la bibliothèque. Cependant, de plus en plus d'établissements mettent en place une interface entre le Web et leur OPAC afin d'autoriser sa consultation directement à partir du navigateur utilisé. Il n'y a alors plus nécessité de passer par deux protocoles différents.
Le logiciel WAIS, développé selon une architecture client-serveur et s'appuyant sur la première version de la norme Z39.50, permet la recherche en texte intégral sur plusieurs bases bibliographiques. L'utilisateur interroge à partir d'un poste de travail client des index situés sur des serveurs distants (waissearch). Le programme serveur consulte les index présents sur la machine (waisserver) et renvoie une liste de documents classés par ordre de pertinence selon un modèle statistique. Si le programme d'indexation (waisindex) balaie le texte intégral, de plus en plus de serveurs WAIS ont la capacité d'exploiter une structure de champ pour indexer les informations brutes des bases de données (notamment ceux utilisant le logiciel freeWAIS-sf, développé à l'université de Dortmund). La base indexée est une copie exportée de la base bibliographique originelle.
Le mécanisme de "relevance feedback" (traduit parfois en français par "pertinence rétroactive" ou "retour de pertinence") est également exploitable, permettant à l'utilisateur de sélectionner un des documents résultant d'une requête et de demander au client WAIS de trouver d'autres documents de contenu similaire. Le repérage de bases bibliographiques concernant un domaine donné s'effectue grâce à des annuaires ("directory-of-servers") décrivant toutes les sources disponibles utilisant une même version WAIS. Il existe par ailleurs un annuaire national français des serveurs WAIS, hébergé à l'INRIA de Sophia-Antipolis.
Les principaux avantages de WAIS, et plus particulièrement du logiciel free WAIS-sf, sont :
- un accès réparti à différents catalogues.
- un mode d'interrogation simple.
- un coût nul, le logiciel étant facilement disponible dans le domaine public.
- une technique ne nécessitant pas de gros investissements.
Actuellement, WAIS est surtout utilisé en France pour les catalogues de bibliothèques de laboratoires et d'unités de recherche, notamment dans le domaine scientifique et technique. Elles sont d'ailleurs parmi les premières à avoir commencé de développer une interface Web à partir de leur base indexée sous WAIS.
Il s'effectue par le protocole HTTP (HyperText Transfer Protocol), basé sur une architecture client-serveur (les applications nécessaires au traitement des informations renvoyées par le serveur sont intégrées au niveau du logiciel client, le"browser" ou navigateur, ce qui implique obligatoirement l'usage d'un micro-ordinateur et non d'un simple terminal).
Un nombre croissant de bibliothèques décide de mettre en place un accès direct par le Web à leur catalogue en développant une interface spécifique à leur environnement préexistant et leurs besoins. Il s'agit d'implémenter au niveau du serveur une "Common Gateway Interface" (interface passerelle commune) ou CGI, qui se compose d'un ensemble de programmes additionnels contrôlé par le daemon HTTP. Son rôle est de permettre aux requêtes du client d'être envoyées aux programmes externes appropriés et de permettre aux résultats du déroulement de ces programmes d'être renvoyés au client comme réponses. Dans l'URL (Uniform Resource Locator) protocole://serveur/chemin/fichier, le fichier spécifié peut ainsi être un script appelant un programme externe destiné à être exécuté par la CGI du serveur en fonction des variables définies préalablement. Il va sans dire que l'envoi des requêtes se fait de manière transparente pour l'usager en remplissant des champs incorporant une "forme" dans la spécification d'un document HTML.
Actuellement, les interfaces sont mises en place soit en usant des progiciels réalisés par les fournisseurs traditionnels de systèmes de gestion de bibliothèques, soit grâce au développement de scripts développés par des membres du personnel de bibliothèques.
L'accès à un catalogue consultable dans l'environnement Web prend différentes formes en fonction de la nature de l'interface utilisée :
- Une passerelle Web-WAIS permet de rendre disponible une base bibliographique indexée par WAIS. La connexion entre la CGI et la base s'effectue de manière directe par le port 210. Les temps de réponse s'en trouvent ainsi sensiblement diminués pour l'usager comparativement à une interface Web-OPAC, par exemple. La possibilité de sélectionner plusieurs catalogues est conservée si la bibliothèque souhaite proposer ce service. C'est généralement le cas des bibliothèques de mathématiques et d'informatique habituées à travailler en réseau. On consultera à titre d'exemple les possibilités d'interrogation multi-bases offertes par le serveur de la Cellule de Coordination Documentaire Nationale pour les Mathématiques[1] ou par celui du Centre de Documentation de l'Institut Méditerranéen de Technologie[2].
Les fonctionnalités de recherche demeurent cependant assez frustes, inhérentes au mode d'indexation en texte intégral de WAIS. Si le développement de nouveaux logiciels intégrant une structure par champ assez sommaire autorise des modes d'interrogation un peu plus fins, telle la passerelle SFgate[3] qui prolonge sur le Web les possibilités de freewais-sf, ceux-ci sont loin d'égaler en puissance les moteurs de recherche propres aux OPACs traditionnels. Ils n'en reste pas moins que les bibliothèques françaises fournissant un accès WAIS à leur catalogue ont été les premières à l'étendre à l'environnement Web, en faisant généralement développer leur propre CGI par leur personnel des centres de ressources en informatique.
- Les passerelles Web-OPAC fournissent un moyen d'accéder par le World Wide Web à un OPAC souvent préexistant. L'ensemble des scripts exécutables sous la CGI effectue donc la traduction des requêtes de l'usager en langage de commande OPAC, le transfert de ces requêtes du serveur Web de la bibliothèque à l'OPAC, le transfert des résultats de la recherche de l'OPAC au serveur Web et enfin la traduction de ces résultats du format bibliographique de l'OPAC au format HTML.
Le développement d'une CGI permet ainsi la création de documents dynamiques et la construction d'une fonction de recherche qui soit adaptée aux contraintes du catalogue ainsi qu'aux besoins du public visé. De la même manière qu'avec WAIS, la base mise en accès sur le Web peut être une copie stockée sur un serveur dédié et mise à jour automatiquement (toutes les 5 minutes par exemple, dans le cas de la Bibliothèque Nationale du Québec).
Un nombre croissant de fournisseurs de systèmes de gestion de bibliothèques propose en plus de l'OPAC traditionnel une version Web de celui-ci. A l'université Laval, un étudiant de la Faculté des sciences et de génie a développé une interface WWW au catalogue de la bibliothèque ARIANE. Celle-ci n'a pu être installée au regard de ressources supportées à l'époque par l'ordinateur. Elle constitue cependant une bonne base de départ pour le développement de la politique de mise sur le Web des ressources de la bibliothèque.
- Les passerelles Web-Z39.50 offrent une interface à un catalogue conforme au standard Z39.50 permettant l'interrogation simultanée de plusieurs bases bibliographiques hétérogènes. Nous reviendrons par la suite plus en détail sur les modalités et les enjeux de ce qui constitue actuellement un des points centraux concernant les catalogues accessibles à distance.
Les interfaces Web proposent des caractéristiques qui recouvrent une partie de celles que l'on trouve dans les OPACs traditionnels mais dont certaines apportent un changement radical dans les habitudes de consultation des catalogues:
- Le choix du mode de recherche se décline généralement sous trois formes : simple, standard (plusieurs cases pour une recherche sur différents termes dans différents champs) et expert (une case pour l'entrée des différents termes avec un langage de commande spécifique). Il apparaît cependant à l'usage que deux niveaux de recherche s'avèrent amplement suffisants.
- L'usager peut sélectionner s'il le souhaite, à l'aide de la souris, le champ de recherche choisi, les opérateurs booléens utilisés, les opérateurs de proximité, le nombre maximum d'enregistrements ainsi que le mode de classement.
- Les pages peuvent être déroulées pour les enregistrements particulièrement longs.
- Des liens hypertextes peuvent être spécifiés à l'intérieur des enregistrements, permettant d'élargir la question à un champ particulier.
- Les notices retenues peuvent être marquées, imprimées, postées par courrier électronique ou sauvegardées sous différents formats bibliographiques et de traitement de texte.
Les principaux avantages de fournir l'accès par le Web aux catalogues sont de différentes natures :
* D'une part, de plus en plus de catalogues seront amenés à intégrer des composantes non textuelles (images, extraits sonores ou de bandes vidéo). C'est le cas par exemple du catalogue de la bibliothèque municipale de Valenciennes. L'environnement Web, parce qu'il permet d'intégrer de manière transparente les différentes applications nécessaires à l'exploitation des extraits multimédias récupérés, fournit de manière idéale un accès relativement simple aux catalogues multimédias. La Bibliothèque Nationale du Québec, qui élabore actuellement un catalogue de ce type[4], propose à titre de démonstration une notice d'un enregistrement musical à partir de laquelle peut être écouté un extrait musical et déroulée la première page de la partition.
* Par ailleurs, l'usage d'un protocole unique, HTTP (HyperText Transfer Protocol), autorise une réelle interactivité. Le langage HTML (HyperText Markup Language), employé pour rédiger et échanger des pages sur le Web, confère au catalogue une dimension hypertextuelle aussi bien interne (listage par exemple à partir du champ auteur d'un enregistrement des autres enregistrements dont le contenu du champ auteur est identique) qu'externe (accès au texte intégral du document conservé sur le serveur accessible à l'URL désignée dans la notice obtenue, notamment par l'intermédiaire du champ MARC 856 approprié).
* Les navigateurs utilisés (Netscape Navigator, Microsoft Internet Explorer,...), qui sont des logiciels clients permettant de lire les informations disséminées sur le Web, se présentent comme des GUIs (Graphical User Interfaces), colorées, attrayantes et dotées d'outils d'exploitation de plus en plus perfectionnés. Ils font appel à la souris et à un environnement graphique que l'usage croissant des traitements de texte et tableurs, basés sur le même modèle WIMP (Windows/Icones/Menus/Pointers), contribue à rendre familiers. L'accès au catalogue, sous une certaine forme conviviale et ludique, apparaît ainsi facilité à un public plus large.
* Les problèmes de compatibilité avec le système utilisé par la bibliothèque se trouvent grandement simplifiés. En effet, n'importe quel navigateur étant suffisant pour accéder aux données disponibles sur le Web, la bibliothèque ne se trouve pas liée à un type de plate-forme client.
* Enfin, l'intégration de la consultation du catalogue à l'environnement Web l'associe aux différents services proposés par la bibliothèque en leur conférant par-là même une cohérence et une homogénéité nécessaires à leur visibilité. Il se développe actuellement de nouveaux produits permettant d'avoir accès à partir du Web à des bases de données en ligne ou sur CD-Roms. La bibliothèque peut offrir ainsi à ses usagers une multitude de ressources bibliographiques à partir d'un point d'accès unique. A la bibliothèque de l'université Laval, les 52 dernières semaines de la base "Current Contents", dont les droits d'accès ont été négociés en partenariat avec plusieurs universités québécoises, sont indexées avec WAIS et offertes à la consultation par l'intermédiaire d'une interface Web développée par des membres du personnel de la bibliothèque. Il est également en projet de rendre accessible sur le Web certaines banques de données sur CD-Roms de la société Silverplatter au moyen de son logiciel WebSpirs. Dès lors, il devient de plus en plus judicieux d'intégrer à ces services, dans le même environnement, le catalogue de la bibliothèque.
Les interfaces Web à un catalogue ne laissent cependant pas de soulever quelques
problèmes :
* Il n'y a pas plus d'uniformisation dans le développement actuel des différentes interfaces commerciales ou propriétaires que dans la gamme des OPACs traditionnels. Il en existe actuellement presque autant de variétés que de bibliothèques. Si la présentation graphique tend à faciliter l'usage "profane" du catalogue, la critique adressée aux OPACs de nécessiter l'apprentissage d'un langage de commande propre s'en trouve pour le moins minimisée.
* Il n'y a pas de continuité sur la période couvrant les différentes étapes d'une recherche bibliographique. S'il y a possibilité tout le long d'une session Telnet d'opérer des retours sur sa recherche ("statefulness" du protocole Telnet), une session engagée avec le protocole HTTP dure le temps d'une question et de sa réponse ("statelessness" du protocole HTTP). Les serveurs ne peuvent pas déterminer par qui les demandes ont été faites et si une requête en a précédé une autre. Il a été proposé quelques solutions susceptibles de remédier à cet inconvénient (Arfield, 1995) :
- transporter l'état de la recherche d'un usager dans l'URL se modifiant au cours de la progression de la session. Il y a cependant des limites imposées par certains navigateurs à la taille de l'URL.
- porter un argument qui serait un identificateur de session et pointerait vers un fichier de configuration pour chaque usager et session.
On peut cependant remarquer que le fait de pouvoir disposer des résultats d'une interrogation indépendamment de la session ne présente pas que des inconvénients. Il autorise entre autres plus de souplesse et de liberté dans le maniement parallèle d'autres applications.
* Le World Wide Web n'a pas de connaissance sémantique intrinsèque dans le domaine d'application des bibliothèques. Le protocole de base HTTP de WWW et le langage HTML manquent de fonctionnalités pour offrir à celles-ci des services allant au-delà de la simple capture et de l'affichage d'information. Cependant, de nombreux fournisseurs ainsi que des équipes engagées dans des projets internationaux travaillent à élaborer des standards intégrant l'environnement Web à la mise en réseau sur l'Internet de catalogues bibliographiques. L'une des pierres de touche de la plupart des réflexions sur les projets de fourniture d'information en réseau demeure cependant la norme Z39.50.
[1] http://www-mathdoc.ujf-grenoble.fr/bibs/ouvrages.html
[2] http://www.imt-mrs.fr/biblio.html
[3] http://melpomene.grenet.fr/SFgate/SFgate.html
[4] http://www.biblinat.gouv.qc.ca/texte/t0005.htm
Z39.50 est une norme nationale américaine conçue initialement pour l'environnement OSI (normalisation ISO) mais qui a été finalement implantée au-dessus de TCP/IP (Transfer Control Protocol), protocole de communication utilisé sur Internet. Elle a connu, pour l'heure, trois versions successives : la première en 1988 dont est issu le logiciel d'interrogation WAIS, la révision de 1992 imposant une syntaxe de communication abstraite (ASN1) et la troisième en 1995 l'enrichissant de nouvelles fonctions et services.
Le standard Z39.50 (2ème version) peut se décomposer grossièrement en 4 opérations :
- l'initialisation qui engage la connexion entre "l'origine" (le client) et la "cible" (le serveur), laquelle peut spécifier les services qu'elle supporte, le contrôle de sécurité et la validation de l'usager.
- la recherche : l'origine envoie la requête au serveur dans un format standard, lequel n'a rien à voir avec une interface utilisateur. La cible effectue la recherche dans la base et stocke les résultats.
- la fourniture : l'origine demande à la cible les enregistrements obtenus par la recherche, passés de nouveau en format standard. Elle décide ensuite comment les afficher.
- la fermeture qui clôt la session.
Il est important de noter que le protocole Z39.50 ne s'applique pas à l'interface avec les usagers mais porte sur la partie de communication, de recherche et d'application.
Une version internationale de la norme Z39.50, la norme SR (Search and Retrieve), a été approuvée par l'Organisation Internationale de Normalisation (ISO) en 1991. SR est un sous-ensemble compatible de Z39.50 capable de fonctionner avec des systèmes utilisant cette même norme. Le groupe de travail ISO responsable de la norme SR a proposé l'adoption de la dernière version de la norme Z39.50 en tant que version 2 de la norme SR.
En comparaison avec le WWW, les avantages majeurs de Z39.50 sont :
- le client décide de la présentation des services à l'utilisateur et de l'affichage des enregistrements, dans un processus transparent pour l'usager.
- l'interrogation permet d'exploiter la richesse de bases structurées dans un format bibliographique donné (MARC ou d'autre type).
- l'origine Z39.50 peut lancer une même requête sur plusieurs bases sans avoir à connaître le langage de commande spécifique à chaque catalogue.
- l'origine reçoit les enregistrements dans un format standard qu'elle "comprend" ; ceux-ci peuvent ainsi être ensuite utilisés comme base pour d'autres services.
Il existe actuellement nombre de produits commerciaux développés par des fournisseurs traditionnels de systèmes de gestion de bibliothèque. Des logiciels Z39.50 sont également développés concurremment à des projets internationaux ; ils seront alors disponibles librement. L'implémentation de Z39.50 reste cependant une opération encore longue et coûteuse en termes de recherche et développement, ce qui explique le faible nombre de serveurs Z39.50 disponibles à l'heure actuelle en Europe. D'autre part, les connexions à partir d'un logiciel client à des cibles multiples s'effectuent en fait de manière successive. Un seul échec peut ainsi entraver le bon déroulement de la recherche dans son ensemble et occasionner des messages d'erreur souvent incompréhensibles pour l'usager. La gestion des doublons n'est également pas encore véritablement intégrée. La norme Z39.50 ne cesse par ailleurs de s'enrichir, rendant son implémentation complète difficile. Certains établissements choisissent ainsi de ne conserver que certains des services et fonctions disponibles.
L'accès à un catalogue par Z39.50 peut s'effectuer selon différentes modalités :
- Le client Z39.50 est installé sur le poste de l'utilisateur avec une interface de type Windows, la partie cible se trouvant devant la base bibliographique. Cette solution impose des contraintes au poste de travail utilisé en raison de la charge d'exploitation assez importante et du coût supplémentaire qu'elle entraîne. Elle apparaît cependant dans l'absolu comme la solution la plus naturelle.
- Un poste client Z39.50 peut être obtenu à partir du Web en déchargeant avec un navigateur de type Netscape un "plug-in" (petit programme intégré à l'environnement Web qui peut être déchargé au niveau du logiciel client afin de pouvoir exploiter les informations qui nécessitent cette application). Cette solution, astucieuse, n'est pas encore disponible, la version prototype n'ayant pas évolué.
- La partie client Z39.50 peut être déplacée au niveau du serveur. L'usager dispose d'un client Web lui permettant d'accéder au serveur Web, lequel offre un accès au client Z39.50. Les requêtes sont traduites du Web vers le client Z39.50 qui dialogue avec le serveur Z39.50. L'usager est ainsi affranchi des contraintes matérielles concernant notamment la variété des clients Z39.50 et la maintenance se trouve assurée au niveau du site central. Il perd cependant une grande partie des fonctionnalités propres à Z39.50. Il s'agit donc de bien cerner les besoins et les objectifs de l'usager. S'il est pour l'instant fort probable que celui-ci soit avant tout un professionnel de l'information, il n'en faut pas moins considérer que le développement progressif des nouvelles technologies de communication au sein de la sphère privée, particulièrement en Amérique du Nord, autorise l'élargissement de la notion d'usager à un public de plus en plus large.
Z39.50 apparaît donc comme un produit particulièrement adapté à la spécificité des catalogues de bibliothèques tandis que le Web fournit un espace de ressources navigable pouvant intégrer de manière conviviale des accès à d'autres services bibliographiques.
"Z39.50 allows the creation of interworking bibliographic applications which share structured data. Of course the eventual output of such a service might be delivered to the user through a Web interface. The Web begins where the need for smartness ends"[5] (Dempsey, 1996).
On peut, en simplifiant à l'extrême, envisager le protocole HTTP comme une approche où prime l'utilisateur des services de la bibliothèque (la "clientèle" telle qu'elle est définie en Amérique du Nord) et la norme Z39.50 comme privilégiant l'approche du bibliothécaire. Il a été souligné cependant qu'un fournisseur comme GEAC, par exemple, a développé un client Z39.50 dont l'interface est "destinée à un très large public qui ne possède pas nécessairement une grande expérience de la recherche dans les bases de données. L'interface très visuelle et la manipulation directe d'objets permettent aux non initiés de s'habituer rapidement au logiciel" (Sévigny, 1995).
Il existe donc un fort potentiel d'interaction entre les deux protocoles qui permet d'allier d'une part la richesse hypertextuelle et la popularité croissante du Web et d'autre part l'interopérabilité et les facilités de recherche structurée de Z39.50. La plupart des établissements qui disposent d'un serveur Z39.50 développent des passerelles Web-Z39.50 afin de permettre l'accès à leur catalogue aux usagers ne disposant pas d'un poste client Z39.50. Celui-ci n'autorise cependant la plupart du temps que la consultation d'une base à la fois afin d'éviter les problèmes de transfert lors du gel d'une des cibles dans le cas d'une interrogation multi-bases.
Cette solution présente également l'avantage d'intégrer les services Z39.50 et ceux qui n'utilisent pas ce standard à un ensemble de ressources accessibles à partir d'un point d'entrée unique, le Web. Galen II, la bibliothèque électronique de l'université de Californie à San Francisco, offre ainsi à partir de sa page d'accueil[6] un accès intégré à la documentation médicale, incluant la base Melvyl Medline Plus, pour laquelle une interface Web-Z39.50 a été développée, le texte intégral de périodiques électroniques ainsi qu'un ensemble de ressources disponibles sur Internet accompagnées pour chacune d'elles d'une description bibliographique détaillée. Il devient notamment possible, à partir d'une référence repérée dans la base Medline, d'accéder directement à l'article complet correspondant si le périodique qui le contient est disponible. Dans ces conditions, la création d'une interface Web-Z39.50 au catalogue en ligne apparaît l'aboutissement logique du processus d'intégration globale des différents services offerts par la bibliothèque.
[5] "Z39.50 permet la création d'applications bibliographiques en réseau. Bien sûr, le résultat final de ce service peut être remis à l'usager au travers d'une interface Web. Le Web commence où prend fin le besoin d'élégance."
[6] http://www.library.ucsf.edu/
La localisation des catalogues de bibliothèques disponibles par le biais d'Internet soulève un des problèmes spécifiques à la masse d'information disséminée dans le monde entier. Si le développement de moteurs de recherche automatisés tente de remédier à l'éparpillement des ressources, leur usage n'apparaît guère approprié à des besoins réguliers et mal définis dans la mesure où le bruit obtenu s'avère trop important et qu'un grand nombre de réponses pertinentes passe au travers du filet. Des répertoires de catalogues ont donc été créés sur des initiatives souvent personnelles qui couvrent de manière nationale, voire internationale, les OPACs disponibles par le biais d'Internet. On trouvera à partir du site Web de l'ENSSIB[7], une liste d'accès aux catalogues de bibliothèques francophones disponibles par le biais d'Internet ainsi qu'une page couvrant les principaux répertoires élaborés à travers le monde.
En ce qui concerne Z39.50, si l'un des "Services Élargis" (Extended Services) de la troisième version, Explain, permet d'obtenir des informations sur le serveur, le contenu de la base consultée et les éléments de recherche disponibles, n'en demeure pas moins le problème de l'établissement d'une infrastructure entre les serveurs qui faciliterait la localisation des bases utiles. L'une des solutions serait de remplacer ou de compléter les outils de recherche du Web par des serveurs Z39.50 afin de pouvoir accéder à différentes informations à partir d'une interface uniforme. Cette approche qui privilégie un point de départ à la recherche sur Internet unique constitue une grande part du projet GLIS (Global Information Locator Service) à l'étude actuellement par le Groupe des 7.
[7] http://www.enssib.fr