n° 78

 

MARGUERITE VASEN
JEAN- PIERRE BACOT

 

éléments de sociologie à distance

­ une télévision mise aux enchères
­ communication et société

La Télé Université du Québec touche par correspondance et par téléphone un très grand nombre d'étudiants qui ne peuvent ou ne souhaitent suivre des études « traditionnelles ». Un certain nombre d'ouvrages accompagnent les cours, notamment dans la filière « communications ».

Deux d'entre eux viennent de paraître dans la collection « Communications et Société », laquelle compte déjà cinq autres titres aux Presses de l'Université du Québec.

Le premier est signé de Michèle Martin et Serge Proulx, respectivement professeurs à la Télé-Université et à l'UQAM. Sous le titre « La télévision mise aux enchères », les auteurs croisent dans un langage accessible à des non spécialistes les déterminations technologiques avec des éléments de contexte et d'influence politiques, économiques et culturels.

Ils se penchent par exemple sur l'homogénéisation des programmes qu'implique la logique de marché, obligeant les minorités d'origine ou de goût, visibles ou invisibles, à s'abonner à des canaux aussi spécialisés que payants.

Cette télévision homogène n'étant plus cependant généraliste au sens traditionnel du terme, la fonction éducative et informative du média de masse disparaît. Résolument anti-libéral, cet ouvrage est structuré par cette tension qui existe entre la segmentation des publics et la massification du media audiovisuel, d'où cette idée d'enchères qui suppose une solvabilité de la demande et une sorte d'exacerbation du marché.

Michèle Martin dirige un autre livre dans la même collection, sous le titre « Communication informatisée et société », en forme de reader. Six spécialistes scrutent les enjeux juridiques, économiques, sociaux, financiers, sécuritaires, éducatifs d'une évolution en cours, sans négliger les aspects théoriques que soulève une telle mutation de la société.

On nous permettra de souligner le chapitre consacré par Marion Lepresle, chercheur au CNET à la monétique, laquelle technique est davantage implantée en France qu'au Québec. Il semble que son acceptabilité relève davantage de critères psychologiques que sociologiques. Mais le social reprend le dessus quant aux utilisations.

L'ensemble de ces textes exhalent un parfum à dominante marxiste et féministe qu'il est en soi intéressant de confronter à celui des analyses produites en France sur les thèmes communicationnels.

* Une télévision mise aux enchères. Programmation, programmes, publics. Michèle Martin et Serge Proulx, Télé-université, Sainte-Foy (Québec), Canada, 1995.

* Communication et société. Sous la direction de Michèle Martin avec Bernard Vallée, René Laperrière, Marion Lepresle, Pierre Duray et Thierry Rousseau.

 

La domotique collective.

Quatre universitaires, Philippe Dard, Chantal Laumonier, Philippe Mallein et Yves Toussaint proposent dans le cadre de la dernière livraison des Cahiers du CSTB le fruit d'une étude sur les réseaux de communication et les services résidentiels.

A en croire les auteurs « la domotique collective » désigne l'application des nouvelles technologies de communication et d'information à la gestion de l'habitat collectif. Elles sont développées dans le but d'améliorer la sécurité et le confort des habitants, d'assurer la fourniture de services aux habitants et de faciliter les relations entre les habitants et les professionnels.

Pendant cinq ans, les pouvoirs publics français ont développé un programme expérimental, visant à concevoir des systèmes de « Domotique Collective » et à en équiper environ 10 000 logements du secteur public. De grands industriels et opérateurs de réseaux ont conçu ces systèmes, des organismes d'habitat les ont mis en œuvre, les habitants et des personnels de gestion les utilisent depuis.

A partir d'enquêtes et d'observations sur dix sites expérimentaux, cette recherche poursuit trois objectifs :

Les sociologues posent en conclusion la question des relations entre la surveillance technique et le contrôle social, et plus largement celle de la tension entre deux systèmes de valeurs propres à la société contemporaine : l'un porté par des organisations recherchant une rationalisation des échanges et un contrôle des transactions, l'autre, construit sur une symbolique consumériste d'émancipation et d'autonomie des individus. Cette analyse critique permet d'identifier certaines conditions favorables au développement de techniques et de prestations nouvelles, ayant sens et utilisé pour les usagers.

Cahier du CSTB n° 2869, livraison 367, mars 1996, 111 p., 200 F TTC.
Librairie du CSTB, 4, avenue du Recteur-Poincarré, F-75782 Paris Cedex 16. Philippe Dard, Chantal Laumonier
Philippe Mallein, Yves Toussaint

 

 

Les cahiers du journalisme

l'École Supérieure du journalisme de Lille publie le premier numéro d'une revue qui s'annonce semestrielle. Elle entend parcourir le thème de la mutation du milieu journalistique et de son incidence sur les pratiques professionnelles.

Afin de s'assurer recul et largeur de champ, l'équipe dirigée par Patrick Pépin et Thierry Watrine a fait appel aux contributions de Pierre Bourdieu, Hervé Bourges, Jean-Marie Charon, Jean Mouchon, mais aussi à de jeunes journalistes et chercheurs en information.

La plupart des textes réunis dans cette première livraison sont issues du récent colloque fondateur du centre de recherche de l'ESJ. Belle présentation, articles courts, cette publication illustre ce mariage qualifié d'« arrangé » entre deux univers et leur sphère de recherche : le journalisme et la communication.

L'analyse du discours de la télévision

Par Philippe VIALLON
PUF, 1996, Coll. « Que sais-je ? », n° 3111.

De multiples données indiquent que la télévision est le média n° 1 des français dans leur ensemble. Elle occupe donc une place considérable comme élément structurant de la société. Or, où le téléspectateur a-t-il appris à « regarder » l'image en général et la télévision en particulier ? Un apprentissage des composantes du message audiovisuel permettrait d'en apprécier tous les aspects et favoriser l'autonomie intellectuelle de l'individu face au flux des images et des sons. L'auteur décrit différentes approches qui fournissent les éléments contribuant à la compréhension du fonctionnement de ce média. La formation de téléspectateur peut devenir une tâche concernant aussi bien les enseignants que les professionnels de la télévision ou le public lui-même.

La télévision à la carte aux États-Unis

Par Josette BONTE
PUF, 1996, coll. « Que sais-je ? », n° 3063.

Cet ouvrage fait le point sur les conditions actuelles du développement de la télévision à la carte aux États-Unis sous ses trois aspects :

­ la télévision à contrôle d'accès qui implique le paiement à la séance, « pay-per-view »,

­ la télévision interactive sur laquelle le téléspectateur exerce une plus grande emprise par interaction possible avec le programme regardé,

­ la télévision transactionnelle « sur mesures » qui pourra se déployer au travers des « autoroutes de l'information ».

L'auteur aborde les aspects économiques de cette « mutation télévisuelle » et son impact sur les habitudes des consommateurs d'images.

Le téléphone

Par René WALLSTEIN
PUF, 1996, coll. « Que sais-je ? », n° 251.

L'auteur expose en premier lieu les principes généraux de la téléphonie qui permettent d'avoir un aperçu d'ensemble des problèmes et des concepts techniques puis il développe les éléments esquissés à travers, en particulier, des solutions adoptées pour son téléphone par la France. La suite de l'ouvrage comprend une description des installations d'abonnés, des générations successives des systèmes de commutation spatiaux puis de la téléphonie temporelle. Un développement important est consacré au radiotéléphone et à l'organisation du réseau téléphonique. Un dernier chapitre est consacré aux tendances actuelles de la technique dans ce domaine.