PAR JEAN-PIERRE BACOT
SUR QUELQUES QUE-SAIS-JE ?
Le virtuel
Déjà auteur ces dernières années, dans la même collection, des « Jeux video » et de « La simulation et ses techniques », Bemard Jolivet récidive avec « La réalité virtuelle » qu'il définit d'entrée comme une discipline née du croisement de trois univers : l'informatique, l'optique et la robotique. A l'heure où ce concept de réalité virtuelle fait florès en de nombreux milieux, cet ouvrage aura le mérite de faire un point large mais précis de l'état impressionnant des techniques qui le rendent opérationnel dans les domaines les plus variés, de l'automobile à la psychothérapie.
On se surprendra à la lecture de ce texte à constater le recul de la science-fiction et à se demander où placer ses propres frontières entre réel et imaginaire. Mais Jolivet calme nos ardeurs de lector in fabula qui aurait tendance à soulever l'idée d'une révolution virtuelle comparable à celle de l'imprimerie. Prudence ; on en reparlera dans un demi-siècle, lorsque les robots...
L'affiche
L' affichage, élément fondamental de notre espace urbain connaît lui aussi une mutation d'importance, intégrant depuis peu la composante virtuelle. Ce média qui, note d'entrée Marcel Fitoussi, n'a pourtant pas changé, ou si peu, depuis Summer, les Egyptiens et alii, bascule aujourd'hui et remet en jeu sa crédibilité. Si ce n'est que l'on passa un jour de la pierre au papier, il y eut en effet, selon l'auteur, grande continuité entre les procédés qui furent utilisés pour vanter les mérites des pharaons et ceux qui permettent d'augmenter la consommation d'un sofi drink. Mais ce qui s'annonce désormais avec les nouvelles possibilités de l'image marque une rnpture qui mérite à la fois une analyse et une stratégie déontologique de protection.
Fitoussi s'attache à en préciser le cadre et à expliciter d'abord l'évolution en forme de mondialisation de cet affichage considéré comme le plus vieux média du monde. Le détail qu'il présente ensuite de sa situation juridique et économique en France constitue l'essentiel de l'ouvrage. On retiendra en outre l'intéressante conclusion sur les rapports de l'affichage et du discours symbolique et un final classiquement biblique dont on laissera la non-surprise au lecteur.
L'IST
La codification des informations à caractère scientifique et technique relève d'un savoir-faire normalisé qui se complique avec l'arrivée des réseaux et des nouvelles méthodes de traitement et de mémorisation de cette matière grise.
François Jakobiak propose tout d'abord une typologie précise inspirée des recommandations du Haut Conseil de l'information scientifique et technique, structure interministérielle créée en 1994. Il détaille ensuite les sources existantes et les procédures d'accès, puis entre dans la technique du traitement et de la valorisation des informations.
Que cela soit au niveau de l'émission des informations ou à celui de leur consultation, entreprises et universités sont au premier chef concernées par cette obligation de faire face à l'immensité du corpus informatif. Les personnels en charge de la documentation liront avec profit cette synthèse d'un spécialiste reconnu de ce domaine en mutation condidéré comme stratégique et indissolublement lié au développement de la recherche.
Communication politique
Mise à la mode par la décentralisation, avant même d'avoir pu acquérir ses lettres de noblesse universitaires, la communication politique locale est elle aussi aujourd'hui en crise de mutation. Désormais, moins soucieuse de faire passer des préférences que de faire partager un minimum de valeurs fédératives d'une entité locale, elle doit au surplus faire face à des restrictions budgétaires parfois drastiques.
Selon Maryse Souchard et Stéphane Wahnich, l'objectif des élus qui l'utilisent est en ces années 90 de maintenir ou de tenter de recréer du collectif en direction d'une « population de plus en plus divergente, s`éloignant chaque jour davantage de l'homogénéité ». Prenant exemple de la publicité faite par les élus dans le domaine de l'urbanisme ou des services publics, les auteurs plaident pour une professionnalisation de cette activité communicationnelle locale, plus utile à réconcilier hommes politiques et électeurs qu'à influer sur les choix partisans.
La quatrième mi-temps
Joli titre dont le charme n'apparaîtra qu'aux doubles initiés du rugby et de l'histoire de la presse. S'il doit bien s'en trouver au sud-ouest de la France, c'est pourtant de Louvain-la-Belge que sortit ce livre dirigé par Gérard Derèze, à la suite d'un colloque consacré aux relations sport/médias/sociétés. Il fut organisé il y a peu par l'observatoire du récit médiatique de l'Université francophone de Louvain-laNeuve.
Dix-sept auteurs descendus, sinon dans l'arène, tout au moins sur le stade où ils rencontrent... des journalistes promènent leur regard et leurs grandes oreilles socioethnologiques.
* « La réalité virtuelle » (Bernard
JOLI VET), n° 3037.
* « L'affichage » (Marcel FITOUSSI), n° 3013.
* « L'information scientifique et technique » (François JAKOBIAK), n° 3015.
* « La communication politique locale » (Maryse SOUCHARD et Stéphane WAHNICH), n° 3039.
* « La quatrième mi-temps.
Contribution à une analyse des relations "sportsmédias-société"
», sous la direction de Gérard Derèze,
ORM- UCL, Louvain-laNeuve.
A signaler pour nos lecteurs italophones, deux publications récentes des éditions de Telecom Italia :
- « Le reti-mercato e l `economia dell' industria editoriale », de Giuseppe Richeri ;
- « Lo strabismo telematico-previzionie profezie sulla Società dell' informazione », de Giovanni Cesareo.
Ces deux textes complètent une série inaugurée en 1994 avec d'autres études à dominante sociologique que l'on peut se procurer au Centro Studi di Telecom Italia, Campo San Salvador, 4826, 30124 VENEZIA.