n°66
par Jean - Michel BACOT
La télé, c'est les autres...
« Hypocrite téléspectateur, mon semblable, mon frère... » L'un des mérites de
ce recueil d'articles et d'inédits rassemblés
par Bemard Leconte sous le titre « Entre
les lignes » est de réhabiliter la demande dans cette économie de l'image où il se
promène sur un ton mi-badin, mi-savant.
C'est sans conteste aux étudiants, les siens et tous les autres, que Leconte
s'adresse dans un style parlé mais travaillé qui tranche avec l'habituelle littérature
sociologique ou sémiologique.
On s'en rendra compte à la lecture
d'une analyse du segment terminal de l'émission « Caractères », d'un décryptage
d'une série de questionnaires à propos de l'utilisation du petit écran, de l'étude des
rapports télévision-psychanalyse, d'une
glose sur « énonciation et réflexivité télévisuelles », sans préjudice d'autres regards
variés. Ainsi Leconte s'attaque-t-il aux retransmissions sportives, avant que de
plaider pour la formation d'un jeune téléspectateur actif et de conclure sur un bilan
d'une formation au regard télévisuel par
l'apprentissage de la vidéo.
Leconte aime les étudiants, les formateurs, la liberté de ton et la langue de bois
tendre.
* Bernard Leconte « Entres les lignes », écrits sur la télévision ; usages et usagers, numéro spécial des cahiers du CIRCAV, Université de Lille III, 1994, 75 F, 195 pages.
Cathodiques et belges à la fois
Les communicatologues de Louvain-La-Neuve se déchaînent. A peine le premier numéro d'une nouvelle revue semestrielle " Recherches en communication " était-il sorti des presses sur le thème de la métaphore que le 14, ruelle de la Lanterne-Magique entreprend d'éditer une lettre trimestrielle en provenance de l'observatoire du récit médiatique.* Pour recevoir un spécimen de la lettre de l'ORM, s'adresser à Gérard Dereze, département communication de l'UCL, 14, rue de la Lanterne-Magique, B1348, Louvain-La-Neuve.
Leray-public
L'avenir des télécoms est en débat. Qui l'ignore ? Défenseur intransigeant du service public, préférant la notion de citoyen à celle du client solvable, A. Leray ne prêche pas pour autant un repli frileux sur le territoire national. Mais s'il admet que des accords soient passés avec d'autres opérateurs, il préfère que ce soit avec des homologues publics et européens. C'est à une coopération continentale qu'il est fait appel, dans une optique politique clairement affirmée du côté d'une résistance à l'option déréglementatrice et à la direction libérale que prend notre continent.* Les Télécoms en questions. Privatisation ou service public. A. Leray, Editions de l'Atelier, collection Portes Ouvertes 1994, 198 pages, 110 francs.
Roumanités
Longtemps confinées dans une
d'expertise à l'usage des dirigeants ou
dans une ethnologie célébrante et nationaliste, les sciences humaines sortent de leur
torpeur à Bucarest et dans d'autres villes
universitaires de Roumanie.
Parmi les ouvertures intéressantes, on
notera le développement des recherches
sur la communication. L'espace public, les médias, la construction de l'événement ont
été placés depuis 1989 sous le signe de la
« transition », en témoigne le sommaire de oeuvre d'importants investissements tech-
la dernière livraison de « Sociologie romanesca » qui annonce une ouverture de la
recherche roumaine vers les thèmes « internationaux ».
* Sociologie romanesca. Pour tout contact : Institut de sociologie, académie roumaine, calea 13 septembrie, n0 13, Bucarest, secteur 5.
Droit de la communication
Peut-on parler d'un droit de la communication ?
Par sa signification sociale, sa valeur symbolique, comme sa valeur économique dans les sociétés actuelles, la
communication est l'expression de droits fondamentaux, en particulier celui reconnu
à la personne humaine de communiquer librement ses pensées et ses opinions, droit affirmé
dans la déclaration universelle des droits de l'homme en 1789. La modernisation
des moyens de communication à l'ère du téléphone et du satellite a peut-être aussi
créé d'autres droits : le droit à l'information, le droit de l'homme à communiquer,
le droit au téléphone (loi de 1984) ou le droit d'accès des citoyens aux fichiers de
l'administration qui les concernent. Les rapports entre la communication et ces droits sont analysés dans la première
partie de l'ouvrage. La communication des hommes entre eux est aujourd'hui concrétisée par des médias. Ceux-ci mettent en
oeuvre d'importants investissements techniques et commerciaux pour assurer la
circulation des messages entre les hommes (agences de presse, imprimeries, chaînes
de radio et de télévision, réseaux téléphoniques, panneaux d'affichage etc.). Dans
la deuxième partie de l'ouvrage, est abordé le fonctionnement juridique de ces
entreprises de communication (presse, audiovisuel, télécommunications et
publicité). Au terme de cette analyse des rencontres du droit et de la
communication, une conclusion s'impose à l'auteur : au lieu d'un traitement détaillé par la loi, qui
tente sans succès de tout prévoir à l'avance de façon exhaustive, et
s'essouffle à le faire, c'est d'un traitement
d'exception dont le droit à besoin, c'est-à-
dire d'un régime de droit privé conventionnel et d'une découverte
jurisprudentielle.
Jean-Pierre Chamoux est professeur associé à l'Université de
Marne-la-Vallée.
* Droit de la communication. Jean Pierre Chamoux. Paris, PUF, Que sais-je ? n°2884, 125 p., 40 F.