n°52

 

PAR JEAN PIERRE BACOT

Ne vous est-il jamais arrivé de trouver dans la faible épaisseur d'un « Que sais- je ? » le renseignement « irrepérable », noyé dans un traité dont vous aviez quoi qu'il en fût oublié les références ? Celui que Judith LAZAR consacre à « la science de la communication », sous le n° 2634 (entre « la contre-révolution », n° 2633 et « les procréations médicalement assis tées », n° 2635), constitue davantage et mieux qu'un pense-bête.

En effet, de l'Ecole de Chicago dans l' entre-deux-guerres à l' interactionnisme, les écoles de pensées n'ont pas manqué, parmi lesquelles il est utile de se retrouver à toutes fins universitaires ou mondaines.

Spécialiste des communications de masse (elle vient d'en publier une sociologie - Armand Colin, 1991), Judith Lazar note à l'issue de son digest que ce domaine rejoint aujourd'hui, grâce aux technologies, celui de la communication interindividuelle.

Que par ce regroupement, « sa vitalité et sa cohésion », la science de la communication accède au statut de discipline aca démique autonome, « science nouvelle, science de l'avenir », valait bien qu'elle prît place en cet irremplaçable musée des modèles réduits.

· La Science de la communication, Judith LAZAR, « Que sais-je ? », n°2634. PUF, 1992.

Penser, classer. Répertorier la pensée écrite. A mesure que se multipliaient, à la fin du Moyen Age, le corpus des manuscrits, puis celui des sources imprimées, les bibliothèques sont apparues et, avec elles, des modalités d'indexation que CHARTIER repère dans leur évolution et leurs spécificités géographiques.

La notion prioritaire d'auteur et l'utopie sans cesse poursuivie de la bibliothèque absolue comprenant tous les livres jamais écrits balisent cette réflexion condensée, publiée dans une collection très attachante.

La fin du codex, livre-papier, et le pas sage à l'écran marquent-ils une transformation radicale du rapport de l'homme au monde ? Regardant l'avenir proche, l'his torien CHARTIER répond par l'affirma tive. Elle sera aussi forte que celle qui, vers le troisième siècle, vit le passage du rouleau au codex. « Ce ne sera pas (...) trop rebattue, la disparition de l'écrit, plus résistant qu'on ne le pense, mais (la) possible révolution des formes de sa dissémination et de son apparition », conclut l'auteur après avoir scruté la constante prise en compte du livre par les sociétés européennes, leurs moines, leurs imprimeurs, leurs architectes et leurs communautés de lecteurs.

· Roger CHARTIER, « L'Ordre des livres, lecteurs, auteurs, bibliothèques en Europe, entre XIVe et XVIIIe siècle », Editions Alinéa, 118 p, 1992.On en connaissait 18 000 en 1983. Sept ans après, leur nombre était passé à 26 000. Largement traitée dans Réseaux (cf. n°51, et, dans ce n° 52, l'article de Jean-Marie CHARON), la sociologie de ces journalistes français bénéficie d'une synthèse publiée sous l'égide de l'Institut français de presse. Huit auteurs spé cialisés (Valérie DEVILLARD, Marie Françoise LAFOSSE, Christine LETEIN TURIER, Jean-Pierre MARHUENDA, Rémy RIEFFEL, Claire MORIN, Bel kacem MOSTEFAOUI et Isabelle SOING) balayent l'évolution d'une pro fession rajeunie, féminisée, davantage diplômée, plus mobile et en crise d'identité.

Les tableaux abondent, l'écriture est limpide. Après lecture de ces 130 pages, il est impossible d'ignorer ce que gagnent les journalistes, ce qu'ils pensent des atta chés de presse, ce que sont les statuts de la Commission de la carte, quel est le nombre de pigistes ou l'importance des écoles spécialisées dans la formation des gens de presse.

Ce travail a été mené par le service juridique et technique de l'Information et la Commission de la carte de presse sur la base de 5 interviews de journalistes.

· (Collectif.) Les journalistes français en 1990. Radioscopie d'une profession.

Diffusé par la Documentation fran çaise, 110 francs;